bonjour!²

Et donc, de grands bruits de valises plus tard, assortis de quelques commentaires amusés ou impressionnés sur les couloirs traversés, c'est deux mains identiques qui frappèrent de concert quelques coups sur la porte en bois.

Adnan entra le premier, mais qui aurait put le dire? Tirant et trainant leurs bagages avec eux, les deux frères s'avancèrent jusqu'au bureau, avant de se redresser quasi en même temps et de lancer un grand:

Bonjour!

En souriant, la tête inclinée sur le côté. Comme une mécanique bien rodée, ce que ce n'était pas loin d'être, ils enchainaient tranquillement leurs phrases, inconscient ou indifférent de l'effet étrange que ça pouvait avoir sur leur interlocuteur.

Nous sommes les Itô! Adnan et Kenan.

Nous sommes venus retirer les clés de nos chambres.

Enfin leurs chambres, c'était vite dit. Ils savaient très bien qu'ils auraient sans doute des chambres séparées dans ce pensionnat. Mais non, ils avaient toujours eu LEUR chambre. Il y avait fort à parier qu'ils ne dormiraient pas séparés très souvent. Jamais, si Adnan pouvait faire en sorte que se soit possible. Quelle idée de leur en refiler une chacun.

C'était une bonne chose à laquelle réfléchir ça d'ailleurs. La taille des chambres.... Et des matelas. Si ils n'étaient pas trop lourds, et que les lits étaient facilement déplaçables, ils pourraient peut-être s'organiser pour s'installer discrètement...

il ne prêtait pour la peine pas grande attention au secrétaire. qui n'était pourtant pas si banal ni si antipathique. Mais tout ce qui l'intéressait, là de suite, c'était d'aller voir leur nouveau sanctuaire. Enfin leurs.

''Bonjour !''

Alors eux... Bizarrement, Damon savait immédiatement qui c'étaient et où était leur dossier, enfin, leurs dossiers... ça avait été marrant pour intégrer ça dans son beau classement, tiens... et leurs clés, enfin leur clé. Ils s'étaient présentés en bloc et ça ne serait de toute façon pas simple d'attribuer un prénom à l'un et à l'autre de manière déterminante. Et puis pour se concentrer ça serait pas mal qu'il enlève ses écouteurs aussi... Arg, mais elle était trop belle cette chanson, pas juste. Il arbora quand même un sourire de circonstance pour ne pas faire fuir les petits n'élèves. Ils étaient deux et donc supérieurs en nombre, mais on ne sait jamais, une frayeur est vite arrivée.

''Vous serez voisins. Au premier étage, chambres 22 et 23, y a qu'un seul gamin là-haut pour l'instant, ça lui fera de la compagnie...''

Une petite grimace alors qu'il se saisissait des clés, attention on ne dit pas gamins, c'est pas respectueux... Bon eux c'était vraiment l'impression qu'ils donnaient, fallait pas lui en vouloir. Et de nouveau un sourire alors qu'il leur tendait leur bazar. En vrac, comme ils s'étaient présentés. Autant suivre les coutumes locales...

''Partagez-vous le terrain, je vous laisse le choix. Et sinon ça c'est le plan, vous pouvez en emporter un chacun, c'est pas du luxe la première semaine...

Voisins ? Deux plans ? Un clignement de paupières. Ils n'ont pas besoin de tout ça, c'est bon pour les autres ça. Kenan saisit les clés, laisse Adnan prendre le plan. Il lui donnera "sa" clé tout à l'heure. Peut être. Après tout, ils n'avaient pas encore décidé qui aurait quelle chambre. Et puis pourquoi deux chambres, d'abord ? Ils avaient bien dit à leur mère que ce n'était pas la peine, elle n'avait donc pas pu transmettre le message ? Ca ne l'étonnait qu'à moitié. L'autre moitié étant Adnan. Un petit rire à cette pensée, qu'il camoufle derrière un sourire poli alors que son regard croise celui de son jumeau.

_Merci m'sieur, à bientôt ! Bonne journée !

Un ensemble parfait. Difficile de différencier une voix de l'autre dans ses conditions. Surtout qu'elles ont les mêmes intonations, et qu'elles se ressemblent autant que les deux frères se ressemblent. Copies conformes ! Tout le monde dit ça. Et puis c'est tellement vrai. Un salut commun, des gestes identiques, et ils ressortent. Il a l'air sympa le secrétaire, mais un peu à la ramasse quand même. Kenan a presque envie de le réveiller. Pour rire. Mais noooon pas maintenant. Il doit se faire violence. Mais le sourire sur ses lèvres ne trompe pas. Et sera loin de tromper Adnan d'ailleurs. Leurs regards se croisent, et un rire s'échappe. Bon. Ils reverront sans doute le secrétaire plus tard. Mais pour le moment, le bâtiment des chambres, et de quoi poser leurs lourds bagages !